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Atividades na França - Notícias
Lettre ouverte à la cellule mère des É.G.P.
Pour l’inviter à quitter sa case départ et l’inciter à adopter des modalités de réunions ordinaires qui soient synchrones à celles de ses assises
Anne-Geneviève Roger
Pour l'inviter à quitter sa case départ et l'inciter à adopter des modalités de réunions ordinaires qui soient synchrones à celles de ses assises.
Anne-Geneviève Roger
" Il est vain de vouloir une société démocratique si la possibilité d'égale participation au pouvoir politique n'est pas traitée par la collectivité comme une tâche dont la réalisation la concerne. Et cela nous fait passer de l'égalité des droits à l'égalité des conditions d'exercice effectif, et même d'assomption de ces droits. " Cornélius Castoriadis in Nature et valeur de l'égalité ( )
Élaboré au cœur même du sérail analytique et porté par le souhait de réveiller une discipline en passe de perdre son pouvoir de subversion, le projet des États Généraux de la Psychanalyse visait à offrir à la communauté analytique le moyen d'amorcer un dialogue démocratique dans un milieu qui ne s'était jamais auparavant vraiment soucié d'établir cette priorité.
Aujourd'hui, avec la naissance de la Cyber Revue, les É.G.P. sont en train de se doter de moyens informationnels modernes. Après avoir vécu cent ans sous le règne potentiellement despotique de la hiérarchie verticale, le microcosme analytique est en situation de devoir s'adapter au système tendanciellement anarchique d'un réseau à l'horizontal. L'entrée dans une ère où la circulation de l'information échappe totalement au contrôle des instances hiérarchiques constitue une donnée radicalement inédite qui permet d'envisager un renouvellement significatif des débats.
Dans ce contexte rempli d'écueils et porteur d'espérances nouvelles, chacun dispose de la liberté d'exposer ce qu'il préconise pour tenter d'ancrer la psychanalyse du côté de la démocratie. Cela dit, dans leur grande majorité les esprits avisés en sciences politiques estiment qu'examiner le politique indépendamment de son substrat économique et social n'est pas une démarche analytiquement valable. Et parmi quelques autres données accumulées à partir d'une réflexion multiséculaire sur l'expérience humaine, on trouve également cette idée que la construction d'une res-publique forte passe par une large participation des citoyens à tous les niveaux de réflexion, de décision et d'administration, que la démocratie nécessite un effort de transparence ainsi que la recherche d'une cohérence entre l'esprit des lois sur laquelle une communauté s'accorde et les principes ensuite mis en œuvre pour les appliquer. Par ailleurs, il a été repéré que le passage d'un régime de type oligarchique vers un mode d'organisation plus démocratique suppose un travail considérable d'éducation avec une responsabilisation de l'ensemble des citoyens et la tenue régulière d'assemblées ouvertes, non discriminatoires garantissant le principe d'une libre discussion entre les plus gradés et les moins compétents sur l'ensemble des affaires communes.
La mouvance progressiste qui appelait à bousculer le conservatisme analytique semblait à priori partante pour renoncer à certains privilèges hiérarchiques et pour appuyer le développement de comportements plus égalitaires et plus émancipés. Toutefois il fallait aussi s'attendre à ce que la rémanence d'attitudes anciennes vienne parallèlement contrebalancer et freiner la réalisation du programme annoncé. Accorder de façon exceptionnelle au niveau d'un grand congrès international de psychanalyse la parole aux individus sans distinction de grades, d'écoles, ou d'affiliation constituait bien une voie de réforme intéressante, mais l'ensemble des changements proposés aurait gagné en crédibilité si au même moment avait pu être également perceptible une détermination à arrêter de vivre au quotidien dans un monde à part.
Or on ne saurait dire que le noyau francophone des É.G.P ait fait beaucoup d'efforts pour être au départ un modèle convaincant de panachage social ou pour constituer un panel un tant soit peu représentatif de toutes les générations et de toutes les postures d'inscription possible dans les métiers tournant autour de la chose freudienne. Et il n'a pas non plus déployé ensuite un zèle considérable pour appliquer la politique de la porte ouverte.
On peut certes admettre que, durant la phase préparatoire, à côté de réunions accessibles à tout public, des synthèses exceptionnelles en petit comité restreint aient été jugées nécessaires et il n'est pas non plus forcément très choquant que le comité français de coordination ait pu tenir à se réserver, après la rencontre de la Sorbonne, quelques séances destinées à faire en aparté le point sur la façon dont s'était déroulé l'événement.
Les États Généraux de la Psychanalyse ont été conçus pour avancer suivant le modèle d'une création collective permanente. Au stade où en est cette construction, il serait prématuré de penser à fédérer les cellules existantes dans le cadre d'une nouvelle internationale ; par contre dans la perspective de la préparation du prochain sommet prévu à Rio en 2003, il est temps de voir les anciens groupes de réflexion se réanimer et d'autres se mettre en place. Les cellules des États Généraux de la Psychanalyse sont naturellement appelées à voir leur spécificité varier suivant les endroits et les moments où elles se développent, mais, quelle que soit l'originalité de ces groupes, il dépend de la vigilance de chacun et de l'autodiscipline de tous que les réseaux locaux gardent un air de famille dans une exigence similaire de fidélité par rapport au programme de démarrage
En allant voir d'un peu près comment les choses se passent en Amérique latine ( ), il est facile de constater que là-bas les réseaux É.G.P. sont étoffés, diversifiés et vraiment ouverts. En comparaison les groupes francophones apparaissent peu actifs et il est préoccupant d'avoir à constater que, dix-huit mois après le lancement officiel du mouvement, ils n'ont généralement pas dépassé le stade de causeries rassemblant essentiellement les conjurés de la première heure.
Pour l'instant la cellule parisienne des É.G.P. continue bien à se réunir de temps à autre. Quand elle le fait, c'est sur invitation expresse du coordinateur des premières assises et dans sa demeure privée, laquelle souffre apparemment d'un problème de manque d'espace puisque des recrues nouvelles qui proposaient de venir participer à ces réunions se sont vues répondre que l'endroit était trop petit.
Dans ces conditions, si la majorité du groupe d'origine souhaite disposer à l'avenir d'une structure qui permette de répondre convenablement au devoir d'hospitalité, il est probable qu'il faudra prochainement choisir entre entreprendre des travaux pour agrandir le local actuel ou se rallier au principe d'un déménagement vers une salle publique plus neutre, moins exiguë, plus fréquentable par tout le monde.
Même et surtout si un lieu a su, comme ce fut effectivement le cas pour la cellule initiale des É.G.P., se montrer un bon, voire un excellent milieu de naissance, l'important, en pensant à la croissance future, est parfois de savoir s'en éloigner à temps. Dans le cas présent, l'adresse de départ, ne saurait de toute évidence se révéler à l'usage un terrain propice à un développement indépendant et encore moins un point d'arrivée probant.
Donc mettons nous à travailler dans la perspective de Rio 2 et gardons le principe d'avoir sur la place de Paris un cycle de rencontres permettant de discuter autour des thèmes soulevés par les É.G.P. mais montrons-nous respectueux des règles qui furent celles de la rencontre inaugurale. Le principe d'un conseil des sages qui se tiendrait au-dessus de la mêlée est en contradiction avec l'esprit du mouvement.
À partir de là, il y a matière à refuser de laisser s'isoler au sein de ce réseau un petit groupe d'experts plus ou moins investi du rôle de penser dans son coin l'avenir du peuple analytique. Les séances du groupe parisien des É.G.P. doivent cesser d'être des rencontres notablement confidentielles auxquelles on accède sur recommandation pour devenir dans les mois prochains des réunions publiques effectivement accessibles à toute personne intéressée par les débats proposés.
Il convient de laisser aux psychanalystes ordinaires la possibilité de s'initier à une responsabilité nouvelle de citoyens analystes, rôle qu'ils peuvent parfaitement apprendre à exercer aussi bien et peut-être plus facilement que bon nombre de mandarins.
Pendant cent ans, la psychanalyse a été essentiellement dirigée en fonction de normes conçues prioritairement par et pour les membres de l'élite. Étant donné certains points d'impasse où cela a mené l'ensemble de la psychanalyse et pour une fois qu'on a la chance de pouvoir essayer de fonctionner sur des bases légèrement différentes, il n'y a sans doute pas spécialement urgence à s'empresser de repartir immédiatement dans la direction habituelle.
Le 20/11/2001 Anne-Geneviève Roger 5 rue Daubigny 75017 Paris ag.roger@wanadoo.fr
Lecteurs : Fethi Benslama et Claude Van Reeth
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