Réponse

René Major

14 AVRIL LETTRE CIRCULAIRE DE RENÉ MAJOR Aux Amis des EGPconcernés

Il est apparu récemment une controverse portant sur le sens que peut prendre le mouvement issu des Etats Généraux de la psychanalyse en l'an 2000 dans son rapport aux Etats Généraux de l'histoire politique. Des différences de lecture et d'interprétation se sont faites jour entre deux groupes, Subjectivus et Axes et Cibles, qui oeuvrent au sein de l'Association Les Amis des EGP. Elles ont été portées à l'attention d'un certain nombre d'entre vous par la voie du courrier électronique.

Pour ma part, je me réjouis de l'ouverture de ce débat. Pour ne souligner ici qu'une différence avec les Etats Généraux en général, alors que ces derniers étaient convoqués par le pouvoir en situation de crise, il n'a pas échappé à ceux qui ont lancé l'appel qui a donné lieu à la rencontre à la Sorbonne qu'ils n'occupaient pas cette place de pouvoir et qu'il appartiendrait à ceux qui ont répondu à cet appel d'en déterminer eux-mêmes la source, le sens et les destinataires.

Rien ne légitimait par avance cette initiative qui laissait la psychanalyse se questionner aussi bien de son supposé dedans (la diversité de ses théories et de ses pratiques, de ses modes de transmission et de validation de l'expérience, le caractère problématique de son institutionnalisation) que de son supposé dehors (ses rapports avec d'autres modes de pensée, avec la société, avec l'Etat, avec tous les problèmes socio-politiques de notre temps), allant jusqu'à questionner cette limite même du dehors et du dedans. Rien n'excluait donc, bien au contraire, que la disputatio puisse être vive au sein de ce mouvement d'un genre inédit où rien ne serait réglé par avance, s'inspirant en cela de la pratique analytique elle-même et mettant en place le dispositif organisationnel le plus ouvert, le plus hospitalier.

Mais la vie d'un tel mouvement, dont la fragilité est corrélative des risques qu'il prend, suppose que le lien social entre analystes soit constamment passé au crible du discours et de la raison psychanalytiques. Elle exige de chacun une attention particulière à l'autre, une rigueur dans le débat qui exclut de sa scène ce qui relève de l'imaginaire pur, d'allégations de toute sorte, de rumeurs et d'arguments ad hominem. Etant donné que le débat auquel il est ici fait référence n'est pas sans être entaché de quelques-uns de ces vices, la fonction que j'occupe temporairement me conduit à demander aux protagonistes de revoir ce qu'ils ont écrit, de reconnaître ce qui ne ressortit pas à l'exigence que nous partageons et de porter la disputatio au meilleur niveau de l'argumentation et de la courtoisie.

René Major
Président